Au cinéma de mon adolescence, le cinéma où j’ai découvert le cinéma (assisté par les lundis soirs d’Arte), douze ans plus tard et après l’ouverture d’un multiplexe de périphérie concurrent, un incendie et une restauration évidemment très réussie qui me rend les retrouvailles d’autant plus heureuses, Fais-moi plaisir, d’Emmanuel Mouret, dont je savoure l’inlassable et loufoque exploration du désir comme sentiment, comme discours, depuis Changement d’adresse (2006) qui m’avait si bien enchanté que, chose exceptionnelle, j’étais allé le voir deux fois ; Vénus & Fleur (2004) que j’avais revu à la Cinémathèque sans le faire exprès, étourdiment, ce qui est un bel hommage à la Mouret’itude ; sans oublier Un baiser, s’il vous plaît (2007), que ce mien blog ¬- comme quoi, ça sert à quelque chose – est fort heureusement là pour me rappeler l’effet qu’il m’avait fait. (Pour répondre à la question que vous n’osez pas me poser, oui, mes pédagogues m’ont toujours conseillé la phrase courte, c’est bien pour ça que je vous la sers longue. A moins que ce ne soit tout simplement, toute boutade mise à part, l’influence stylistique, comme d’habitude inexorable, de mon travail du moment.) Pas tant Rohmer, cette fois, que Lubitsch et une belle résurrection de Tati, et Guitry, Feydeau peut-être, enfin Mouret, la comédie sentimentale. Je me délecte de cette manière renouvelée qui fait davantage primer les situations sur les dialogues et va de pair avec un léché toujours plus léché – le plaisir du film, comme il y a le plaisir du texte – générique, image, costumes, décors, visages plus chatoyants que jamais. Seulement voilà, j’ignore si c’est cécité ou inattention de ma part, mais en sortant, je me suis senti beaucoup moins transporté que les fois précédentes par la subtilité de composition, la profondeur légère, la vérité intime de l’œuvre. J’avais le sentiment que les moyens plus importants peut-être que laisse supposer les cents et quelques copies diffusées du film, Emmanuel Mouret les avaient investis dans plus de fantaisie au risque de perdre, ou de ne pas gagner en consistance.
Peut-être aurai-je été trop occupé à trouver le sens, à découvrir quel charme, quelle mystérieuse puissance recelait ce film pour qu’en en sortant il y a une bonne semaine de cela, B., elle, ait perpétré un acte si préoccupant que je n’ai su l’imputer qu’à l’empire prolongé de l’illusion comique.
Peut-être aurai-je été trop occupé à trouver le sens, à découvrir quel charme, quelle mystérieuse puissance recelait ce film pour qu’en en sortant il y a une bonne semaine de cela, B., elle, ait perpétré un acte si préoccupant que je n’ai su l’imputer qu’à l’empire prolongé de l’illusion comique.
Mais quel est cet acte si préoccupant ?
RépondreSupprimer(honte sur moi je n'ai jamais entendu parler d'Emmanuel Mouret, il faut dire que je ne vais jamais au cinéma)
J'attendais cette question, mais j'en ai déjà beaucoup dit, tu le lui demanderas à l'occasion !
RépondreSupprimerEt si un jour, par hasard, tu te retrouves devant un Utopia avec deux heures à tuer et un film d'Emmanuel Mouret à l'affiche, entre, tu as toutes les chances de passer un moment délectable !