mercredi 27 janvier 2016

respirer

Ce soir, après dîner, B. et moi quittons nos bureaux respectifs et surgissons au même moment dans le séjour, en route vers la théière de la cuisine. Dans son lit, C. dort depuis peut-être deux heures. Elle a la tête tournée contre le matelas. Je reste un moment à la regarder, me penche, tends l'oreille. Silence. Comme au cours des premières semaines, quand jamais le besoin de la savoir en train de respirer ne nous laissait de répit, je suis tenté de prendre sa tête entre mes deux mains, l'une derrière la nuque, l'autre contre son menton, pour la tourner, avec cette impression inquiète de manipuler une poupée articulée. Au lieu de ça, je me penche cette fois vers son oreille et chuchote : « Faut pas oublier de respirer. » Et ça marche : non seulement elle réagit, laissant entendre un soupir somnolent, mais elle tourne la tête bien à plat sur le côté, comme je l'aurais fait de mes grosses mains autoritaires. C'est un enchantement.
Aujourd'hui, elle s'est remise à plonger son bras entre le matelas et le bord du lit à barreaux, le logeant, certes, bien au chaud, mais d'une façon pour elle parfois inextricable. La main droite bien à plat contre le matelas, la tête sur le côté et le bras gauche escamoté dans cet interstice, cocasse, elle dort, paisiblement. En respirant.

2 commentaires:

  1. Ah la la les postures des enfants ! Quand ils deviennent un peu plus mobiles, ça devient parfois carrément gaguesque. Du coup l'enjeu consiste à ne pas pouffer trop fort pour ne pas les réveiller.

    C'est fou, hein, ce qu'on s'angoisse sur ce souffle nocturne...

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