mercredi 29 février 2012

ton journal

Parce que François Bon le mentionne – une fois de plus – dans Après le livre, et qu'il m'attendait sur les étagères humides de la caverne d'Ali Baba Emmaüs du bocage, je lis Lambeaux, de Charles Juliet. Un texte très limpide, ouvert, sensible, doucement profond. Une petite rivière. Un bon conseil.
« Dès que tu peux t'esquiver un instant, tu grimpes en toute hâte dans ta chambre, ouvres cette bible et en parcours avidement quelques lignes. Tu ignores d'où viennent ces textes, à quelle époque lointaine ils furent écrits, qui étaient ces hommes qui ont su tirer d'eux-mêmes des paroles aussi justes et aussi vraies, mais cela ne te préoccupe guère. Leurs mots bruissent longuement dans ta tête, ils te délivrent de ce qui t'oppresse, expriment ce que tu ressens, te donnent de la vie. Et à force de lire ou relire certaines pages, elles se gravent en ta mémoire, si bien que lorsque tu ne les as pas sous les yeux, tu peux te les réciter et continuer de t'en nourrir. Sur un des cinq cahiers achetés au colporteur, tu recopies des proverbes, des sentences, ces paroles des prophètes qui t'ont touchée au vif et t'aident à entrer en un contact plus intime avec toi-même. Parfois, le crayon à la main, tu les interroges, les commentes, les relies à ton expérience, tes doutes, ton angoisse, et progressivement, tu en viens à parler de toi, consigner ce qui t'occupe, te dire à toi-même ce que tu ne peux confier à personne. Ainsi, jour après jour et sans t'en rendre compte as-tu pris l'habitude de tenir très régulièrement ton Journal. »
Charles Juliet,  Lambeaux (POL, 1995, Folio p. 32-33) 

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