Fondamentalement, ce qui m'insupporte grandement dans le fonctionnement de notre belle et présidentielle Ve République, en général mais en particulier depuis l'instauration du quinquennat présidentiel assorti de la priorité donnée à l'élection du chef de l'exécutif par rapport aux représentants de la nation, c'est cette façon qu'a le pouvoir de se prétendre légitimé pour cinq ans sans conditions pour transformer (/bouleverser/déstabiliser/contrôler) la société, y compris dans ses structures et y compris par des décisions qui n'ont jamais été dans son programme de campagne (comme c'est le cas de la réforme de France Télévisions, si je ne m'abuse). Et j'ai beau ne pas me reconnaître dans la frilosité politique du centre droit et ses valeurs de bon père de famille, je ne peux m'empêcher de me sentir concerné quand François Bayrou veut parler au nom des "démocrates" français. Et quand, fût-ce pour servir aussi une ambition toute personnelle, il met en avant des valeurs, des idées et le sens même du politique contre le cynisme, l'hypocrisie, l'ambivalence et le brouillage du sens par saturation du temps de cerveau disponible. L'aspiration à l'idéal qui rassemble contre le machiavélisme qui divise pour mieux dominer.
Fondamentalement, ce qui me choque au plus haut point dans la réforme de l'Université portée par Valérie Pécresse, c'est qu'un pouvoir émanant d'une école de pensée, et pas nécessairement la plus subtile, la plus riche ou la plus profonde, ait la prétention d'imposer ses prémisses, son modus vivendi - en gros l'efficacité, les lois du marché - à l'ensemble des actifs de la connaissance de ce pays, et ce pour plus de quatre ans (Pascal suggérait récemment qu'il n'est pas si difficile d'inverser la vapeur, je ne partage pas son optimisme, je crains que le temps impose des limites à ce travail). Qu'au nom d'une élection, il croit avoir la légitimité de traduire dans la pratique un postulat à tout le moins discutable : la négation de la dépense improductive, de la part improductive de la pensée. C'est-à-dire de la vie. Puisque le postulat selon lequel on pourrait séparer la pensée de la vie, comme on séparerait le travail du loisir, n'est pas moins contestable - mon postulat : il n'y a pas de "temps de travail" quand on est chercheur. Ce qui me choque profondément, c'est cette prétention à soumettre entièrement la sphère vaste et diverse de la connaissance à ce que Bataille appelle "la sphère de l'utile" (la sphère étriquée de l'utile).
Fondamentalement, ce qui me choque au plus haut point dans la réforme de l'Université portée par Valérie Pécresse, c'est qu'un pouvoir émanant d'une école de pensée, et pas nécessairement la plus subtile, la plus riche ou la plus profonde, ait la prétention d'imposer ses prémisses, son modus vivendi - en gros l'efficacité, les lois du marché - à l'ensemble des actifs de la connaissance de ce pays, et ce pour plus de quatre ans (Pascal suggérait récemment qu'il n'est pas si difficile d'inverser la vapeur, je ne partage pas son optimisme, je crains que le temps impose des limites à ce travail). Qu'au nom d'une élection, il croit avoir la légitimité de traduire dans la pratique un postulat à tout le moins discutable : la négation de la dépense improductive, de la part improductive de la pensée. C'est-à-dire de la vie. Puisque le postulat selon lequel on pourrait séparer la pensée de la vie, comme on séparerait le travail du loisir, n'est pas moins contestable - mon postulat : il n'y a pas de "temps de travail" quand on est chercheur. Ce qui me choque profondément, c'est cette prétention à soumettre entièrement la sphère vaste et diverse de la connaissance à ce que Bataille appelle "la sphère de l'utile" (la sphère étriquée de l'utile).
Je trouve cet article intéressant :
RépondreSupprimerhttp://philosophie.blogs.liberation.fr/noudelmann/2009/02/enseignants-che.html
Ce n'est pas la recherche de l'efficacité qui me gêne, pour ma part (je ne pense pas qu'efficace et utile soient synonymes, en matière d'enseignement) mais plutôt le sentiment que les réformes engagées ne le seront pas, efficaces. Terrain mal ou peu connu, projections idéologiques, ambition déguisée sous les oripeaux de la vertueuse réforme de faire des économies mesquines... Et comme tout le monde le souligne le mépris pour le monde universitaire (et plus généralement, scolaire).
(bon, on se voit, dimanche, alors ?)
L'article est assez limpide et très instructif en effet, pour qui voudrait en savoir plus sur les tenants et les aboutissants.
RépondreSupprimerTu as raison que l'efficace n'est pas l'utile et il serait passionnant de creuser tout ça, "fondamentalement", mais je n'en ai pas le loisir, là... Concrètement, en effet, l'efficacité des mesures est pour le moins douteuse - par exemple celle de la suppression du contrat doctoral de trois ans au profit de contrats de un an renouvelables : faut-il en déduire qu'il faudra constituer trois dossiers pour exposer ses recherches au lieu d'un, et qu'une commission devra examiner trois dossiers par personne au lieu d'un ? On triplerait le volume administratif pour trier les doctorants et faire l'économie de certains d'entre eux ? Ou est-ce simplement un moyen de diviser par trois le nombre d'allocataires de recherche ?... C'est ce qu'il a insupportablement bête dans la "culture du résultat" (et en fait, du contrôle), on passe son temps à remplir des papiers pour rendre compte de ce qu'on fait, au lieu de le faire... Ils faisaient ça, aussi, en URSS...
(dimanche, oui, il faudrait que j'essaie de venir tôt, j'imagine qu'il y aura moins de monde au cours des premières heures...)
Pour revenir sur cette fameuse réforme, même si je ne suis pas spécialement en faveur de celle-là, je pense cependant qu'une réforme, bonne de préférence, est nécessaire, vu l'état de délabrement de l'enseignement supérieur en France (et je ne parle pas des locaux. Côté recherche, tout est fait pour faire échouer lamentablement une grande majorité d'étudiants qui pensent bien naïvement qu'il suffit de travailler pour obtenir un diplôme. Résultat: de nombreux individus se retrouvent avec des diplômes inadaptés et ne trouve pas d'emploi. Problème majeur: toute réforme engagée par la gauche est automatiquement flinguée par la droite, et réciproquement. Pas spécialement optimiste...
RépondreSupprimerOuhlala. Il faut que j'arrête le coca light. Mille excuses pour les fautes.
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RépondreSupprimerGood reading your ppost
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