samedi 27 septembre 2008

arrachées

Refermant Les Mains gamines, je prends tout juste le temps de noter, empathique, pré-critique, qu'Emmanuelle Pagano écrit des livres hors du commun - seulement ce n'est pas une formule. Ventriloque de voix invraisemblables. Ecriveuse de sensations crues. Tisserande d'images actives. D'arrachées de langage.
Sensiblement transformé, ouvert - baba.
Me laisserait une envie : comprendre ce qu'est cette langue, comment c'est fait, comment ça fait. Et qu'est-ce qui justifie ?! Retrouver la terre ferme ?

(je me demande si ma cyber ne va pas me dire que je lis trop Claro - on dirait bien !...)

5 commentaires:

  1. Son entretien dans Le Matricule des Anges(1) est très éclairant, très intéressant. Quelle personnalité étrange et attachante... malheureusement, j'ai du mal à entrer dans cette écriture, ou plutôt dans l'architecture de son oeuvre.

    Tant que je lis des fragments, je suis sous ce charme que tu évoques ici (méfie-toi en effet de ne pas te Claroriser) mais je ne peux pas installer sa lecture dans la durée.

    Soit c'est un compliment : cette écriture est poétique, et donc ne se satisfait pas du roman, soit c'est une critique : elle "installe" son écriture au sens plastique, mais elle ne sait pas mener un récit.

    Je suis quand même décidée à me plonger dans un de ces romans précédents car pour ce que j'en ai compris (et à travers quelques extraits), ils sont tous différents.

    1- je suis furax, Nini vient de pisser dessus, il est tout moche!

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  2. Oui, tous ses livres sont assez différents, et quand je me demande lequel je préfère je n'arrive pas à répondre parce qu'ils ont quelque chose d'incomparable. Peut-être les Adolescents pour le trouble linguistique du début.
    Et en même temps je trouve qu'il y a une écriture, je dirais une voix qui demeure - avec cette constante, dans les trois que j'ai lus, de la première personne, et d'une espèce d'oralité où les négations sautent et parfois pas, où les lexiques vernaculaire et familier se mêlent à une langue d'une précision parfois "littéraire". Si bien que la voix de chacune des narratrices est parente de toutes les autres en tant qu'elle participe de cette voix qui est celle de l'écrivain, d'une autre personne toujours là, derrière.

    Quant au récit, il y a en tous cas une espèce de problème contextuel avec Les Mains gamines, c'est que (comme moi) beaucoup de lecteurs, j'imagine, savent déjà l'histoire, le secret de polichinelle sur laquelle la progression narrative repose en grande partie. Du coup c'est comme si on faisait semblant de se demander ce qui plane.

    Et quant à la qualité poétique, oui, pour moi, c'est évidemment ce qui fait la valeur de cette écriture, de même que ne pas se satisfaire du roman fait un peu la valeur de son éditeur.

    P.S. : Les humeurs corporelles qui se dégagent des livres d'EP seraient-elles si fortes que Nini les aurait senti ?!

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  3. Le magazine était dans une corbeille au pied de mes WC, lesquels sont aussi les siens. Or Mademoiselle Nini est très mécontente de la nouvelle litière végétale et écologique qui a remplacé son habituelle litière minérale. Pour me le faire comprendre, elle a arrosé le Matricule des Anges.

    (sinon pour ce Pynchonesque Claro, mon avis va empirant. Il a l'air de ne pas supporter les critiques faites à Pynchon, qu'il prend de bien haut comme si c'était lui-même l'auteur! Amusant :-)
    (Personnellement, Pynchon m'a toujours ennuyée - mais mon grand ami de lycée en était coiffé et le tenait en grande estime, comme beaucoup de jeunes gens underground des années 80)

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  4. Quelle impertinente ! (je te laisse choisir si je parle de toi ou de Nini).
    (C'est qu'il est pire que l'auteur, Claro : le traducteur. Il s'est tapé la réécriture des 1206 pages sous forme d'exercice très contraint. C'est normal qu'il soit le premier défenseur du texte et c'est beau qu'il ait à coeur de le faire. D'ailleurs, n'est-ce pas un des avantages du média léger qu'est le blog de pouvoir exercer facilement ce genre de droit de réponse ? Quant au ton, bah, ça lui donne bien le droit de se payer la tête d'un auteur d'article de temps en temps ! )

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  5. Il faut exercer son devoir d'impertinence quelle que soit la vache sacrée qu'on a en face de soi.

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(n.b. : Il semblerait que le formulaire de commentaires dysfonctionne sous Safari, mais s'entende encore très bien avec Firefox et Chrome.)