mardi 15 avril 2008

s'être laissé dire

(amour du point-virgule) 
"L'instabilité ne fait pas sérieux ; à trente ans, l'on se doit d'être arrivé, ou bien l'on est rien. Et nul n'est arrivé s'il n'a trouvé sa place, s'il n'a creusé son trou, s'il n'a ses clés, son bureau, sa petite plaque.
[...]
Hélas, pensaient souvent et se disaient parfois Jérôme et Sylvie, qui ne travaille pas ne mange pas, certes, mais qui travaille ne vit plus.
[...]
Ils étaient au cœur de la situation la plus banale, la plus bête du monde. Mais ils avaient beau savoir qu'elle était banale et bête, ils y étaient cependant ; l'opposition entre le travail et la liberté ne constituait plus, depuis belle lurette, s'étaient-ils laissé dire
, un concept rigoureux ; mais c'est pourtant ce qui les déterminait d'abord."

Georges Perec, Les choses (1965)

3 commentaires:

  1. "à trente ans, l'on se doit d'être arrivé, ou bien l'on est rien"

    Tiens, ce week-end, j'ai regardé le DVD de Guédiguian, "Le promeneur du Champ de Mars", la dernière année de Mitterrand, et sa relation avec un journaliste qui écrit un bouquin sur lui. A moment donné, Mitterrand lui dit : "Quel âge avez-vous?" "Trente ans" "Trente ans? mais moi, à trente ans, j'étais déjà ministre!"

    Tout ça est très relatif.

    Mais la question de gagner sa croûte, oui, bien sûre, elle se pose, à tous les âges de la vie, d'ailleurs.

    (tant qu'on ne va pas à Bordeaux, tout va bien)

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  2. à trente ans, l'on se doit d'être arrivé, ou bien l'on est rien: Autres temps, autres moeurs...(dire que j'ai quitté l'école à 32 piges...)

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  3. Non ? T'as redoublé combien de fois ?! :-D

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(n.b. : Il semblerait que le formulaire de commentaires dysfonctionne sous Safari, mais s'entende encore très bien avec Firefox et Chrome.)