vendredi 29 février 2008

heart's content

A la question "Que puis-je écrire (publiquement) de ce jour ?", il m'est plusieurs fois arrivé de me dire qu'au minimum, même si je crains d'évoquer mon travail, je pourrais noter tel menue découverte linguistique qui m'a réjoui dans la journée. D'autant qu'il y a encore des gens qui sont persuadés qu'ils n'aiment pas, par exemple, la langue anglaise - ce que je ne veux attribuer qu'à une méconnaissance, tant pour moi toute langue étrangère est désirable par nature, par son étrangeté même (bon, c'est un peu comme si je disais que toute femme est désirable dès lors qu'elle n'est pas votre mère, et on aperçoit vite les limites du raisonnement, reste, n'est-ce pas, qu'une femme inconnue en vaut deux).
L'autre jour, par exemple, to have a roll in the hay with sbdy, faire une roulade dans le foin avec qqun, une galipette, "batifoler," dit mon dictionnaire, et un instant mon esprit s'évade du bureau pour gambader/régresser dans les étés les grandes vacances.
Aujourd'hui, une brève correspondance avec mon copain John, que je m'autorise à appeler à l'aide alors qu'il est en plein tour du monde, car
  1. c'est un confrère et
  2. c'est le genre de geek qui serait capable de se connecter à internet en maillot de bain depuis une crique néo-zélandaise,
m'est un vrai délice linguistique.
Je le géolocalise par l'envoi de son premier mail : "greetings from Montreal, where it's hilariously cold" : bons baisers* de Montréal, où il fait un froid hilarant. Et à la fin de notre échange, il m'assure avec poésie (puisque dans sa langue, qui n'est pas la mienne) de son immuable dévouement : "ask away to your heart's content" : questionne-moi tout ton soûl, jusqu'à plus soif, pars en questions jusqu'à ce que tu aies le coeur content.
Je fais un travail où ce genre d'événement - goutte dans un évier de silence - en est un, et heureux.

(Et puis tôt, ce matin rare du 29 février, entendu dans la cour les premiers chants d'oiseau.)
___________
* oui je sais, j'exagère.

5 commentaires:

  1. Tu as lu ça mon petit ?

    http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/02/29/dauzat-est-il-de-tarascon/

    (je n'ai pas fini mon Bergougnioux parce que quand je l'aurais fini ce sera trop triste ! et puis je corrige je corrige, j'en ai marrreee!!!!!)

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  2. Que oui, je l'ai lu, ça fait du bruit dans Landernau...
    (C'est exactement le sentiment que j'avais, d'ailleurs je n'avais pas tardé à enchaîner sur le suivant. Courage, courage, tiens bon la baaarrree!!!!!)

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  3. Comme c'est beau (et dire que j'ai connu quelqu'un qui me disait pareil, mais en français (c'était plus plat, je le concède)) :

    "ask away to your heart's content"

    Je réfléchis à te lire de pourquoi j'aime tant l'étude des langues étrangères et les entendre parler au hasard d'une ville : cette impression que les propos échangés dans un sabir mystérieux forcément sont passionnants, je n'irais pas nécessairement jusqu'à désirable, mais au moins intelligents
    (et en fait les chinois ou les ouzbèkes qu'on vient de croiser se demandaient juste entre eux où était le plus proche M*c D*)

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  4. J'ai dû je crois semer un "s" ou deux en route ...

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  5. C'est vrai tiens, tu me fais remarquer que je place toujours cet a priori que le premier mouvement vers l'autre est de l'ordre du désir, comme s'il y avait une progression dans l'éthique comme dans la beauté telle qu'exposée dans le Banquet de Platon, des beaux corps aux belles âmes - du désir de l'autre à sa reconnaissance.
    Qu'importe les S semés, espérons qu'ils croîtront pour enfeuiller cette page - j'ai pour ma part escamoter son E à "LandernEau."
    (Il faudra un jour que quelqu'un m'explique pourquoi on a coutume de truffer les noms de marqu*s d'astérisq*ues ?...)

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(n.b. : Il semblerait que le formulaire de commentaires dysfonctionne sous Safari, mais s'entende encore très bien avec Firefox et Chrome.)