vendredi 18 avril 2014

Une célébration

En fleurs, sous le soleil, sont : 
le poirier, le pommier, l’aubépine et le merisier, quelques ajoncs, la pâquerette, un peu de trèfle, le pissenlit (des étendues prêtes à souffler),


l’herbe-à-Robert, le géranium sanguin, le géranium des colombes (ou le géranium découpé ?), l'archis militaire, la stellaire holostée, la grande berce, qui serait en avance ou confondue avec la grande ciguë ou le cerfeuil doré, quelques primevères attardées, la dame-d’onze-heures, la violette, encore discrète, comme le sont le myosotis, raffinée miniature, et la véronique des bois, le bouton d’or, par hectares de prairies frémissant sous la brise, l’asphodèle, altière comme l’est son nom, par endroits l’ancolie (commune – ou sauvage – faudrait choisir – choisissons sauvage), admirable, un peu rare, contrairement à – oh – la jacinthe des bois, dont les foules mauves colorent et embaument des talus, des tapis entiers.


Tel est l’état du monde à l’heure où agonise J. R. – pour éviter toute confusion, disons Joël, époux de Paulette, père de dix enfants (cinq filles, cinq garçons), grand-père de dix-neuf petits-enfants (dix filles, neuf garçons – dont qui tu sais), arrière-grand-père d’un nombre d’arrière-petits-enfants qui reste à déterminer. 

Ami des épagneuls, chasseur, pêcheur, jardinier accompli (non bio), ouvrier polyvalent à l’habileté manuelle et à la rigueur et reconnue et admirée, employé pendant plus de trois décennies à l’entretien de l’hôpital de Fontenay-le-Comte, excellent connaisseur du football comme du cyclisme français des années 1970 à nos jours, longtemps auteur d’un vin de table propre à traumatiser les œnologues (à qui il n’était nullement destiné), ainsi que d’un pineau maison beaucoup plus maison, au fond, que pineau (connu des connaisseurs sous le nom de « pineau papy »). 

À l'heure de la pire solitude, ces mots te rejoignent, Papy – toi qui, à ma connaissance, n’a aucun regret à avoir.

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