Il était intenable que, depuis un mois, ce blog stagnât sur une image de la déchéance -- passagère, j'ai bon espoir -- de ce pays.
Mais je n'avais pas le temps, pas envie, mal à l'oreille, rien à dire. Comme depuis toujours, j'étais mollement hanté par l'idée qu'il fallait que je "ferme" officiellement ces pages qui n'ont jamais vraiment existé, mais la perspective même de ces solennités m'ennuyait. Au cours du mois écoulé, j'ai découvert Tumblr, dont j'ai lu quelque part que le principe était à mi-chemin entre ceux de Twitter et des blogs, proposant des "blogs pour les gens qui n'ont pas le temps de bloguer." Je m'y suis reconnu, et comme, en outre, je suis immédiatement tombé sous le charme de leur aspect visuel, j'y ai songé. En même temps, m'étant définitivement convaincu, au détour d'un article du Monde au sujet du réseau social berlinois aka-aki, que la distinction entre vie "réelle" et vie "virtuelle" était caduque, nulle et non avenue, et que la part de communications en ligne de nos journées fait bel et bien partie de la vie telle qu'elle prend sens -- vis-à-vis d'autrui, j'ai songé à apprendre l'existence numérique sans pseudonyme en cédant pour de bon à l'irrésistible tendance Fessebouque. Je songe beaucoup.
Et puis, aujourd'hui qu'un lourd travail livré mardi me donne le sentiment (insatisfait, mais c'est une autre histoire) de quelque chose d'achevé, et qu'on est vendredi, soudain l'envie d'écrire me vient et les phrases dans la tête -- se libérer tant soit peu de cette obligation de service et de Fidélité (parler de servitude volontaire aurait quelque chose d'excessif) vis-à-vis des mots d'un autre, en quoi consiste mon travail, pour remettre un instant le langage au service de ma propre quête.
Tant soit peu -- car c'est encore des questionnements de l'autre que s'élèvent mes questions -- qu'est-ce qu'être parent -- comment se fait-il que des parents qui décident de faire procéder à une opération sur votre corps d'enfant n'aient plus, vingt ans après, aucun souvenir ni aucune trace de la nature exacte de cette opération, au point de vous faire douter des vôtres, de souvenirs, au moment où votre corps les réveille ? Et qu'est-ce que cela vous découvre soudain du sentiment que vous ont toujours inspiré vos parents, qui eux-mêmes vous ont inspiré votre sentiment de la vie -- l'incertitude ?
Alors cet après-midi, parce que pour jeter et élaborer des mots qui cherchent sens, on aime autant que la page soit nette et le crayon taillé -- c'est une question d'ergonomie dans le rapport même de médiation de soi à soi -- j'ai vagué sur l'abc dotclear, sans savoir si je trouverai suffisamment de temps et d'envie (aussi parce que -- slogan -- Dotclear c'est plus qu'une machinerie, ce sont des gens -- dont certains, vie "virtuelle" aidant, font tant soit peu partie de ma vie -- tout court).
Tout cela pour dire que j'avais au moins décidé qu'il était temps que ce blog ne stagnât plus sur une image de la déchéance de ce pays, et que j'allais y remédier en partageant avec quiconque lira ces lignes une image :
celle d'une parole que je crois juste qu'une main proche quoiqu'inconnue a tracée cette nuit en bas de chez moi ; et une phrase d'Hubert Nyssen, "homme vieux qui s'est allié le jour" (selon une formule de Jaccottet), en bâtissant une œuvre qui ne m'est pas indifférente :
A mes yeux un bonheur d'expression.
Mais je n'avais pas le temps, pas envie, mal à l'oreille, rien à dire. Comme depuis toujours, j'étais mollement hanté par l'idée qu'il fallait que je "ferme" officiellement ces pages qui n'ont jamais vraiment existé, mais la perspective même de ces solennités m'ennuyait. Au cours du mois écoulé, j'ai découvert Tumblr, dont j'ai lu quelque part que le principe était à mi-chemin entre ceux de Twitter et des blogs, proposant des "blogs pour les gens qui n'ont pas le temps de bloguer." Je m'y suis reconnu, et comme, en outre, je suis immédiatement tombé sous le charme de leur aspect visuel, j'y ai songé. En même temps, m'étant définitivement convaincu, au détour d'un article du Monde au sujet du réseau social berlinois aka-aki, que la distinction entre vie "réelle" et vie "virtuelle" était caduque, nulle et non avenue, et que la part de communications en ligne de nos journées fait bel et bien partie de la vie telle qu'elle prend sens -- vis-à-vis d'autrui, j'ai songé à apprendre l'existence numérique sans pseudonyme en cédant pour de bon à l'irrésistible tendance Fessebouque. Je songe beaucoup.
Et puis, aujourd'hui qu'un lourd travail livré mardi me donne le sentiment (insatisfait, mais c'est une autre histoire) de quelque chose d'achevé, et qu'on est vendredi, soudain l'envie d'écrire me vient et les phrases dans la tête -- se libérer tant soit peu de cette obligation de service et de Fidélité (parler de servitude volontaire aurait quelque chose d'excessif) vis-à-vis des mots d'un autre, en quoi consiste mon travail, pour remettre un instant le langage au service de ma propre quête.
Tant soit peu -- car c'est encore des questionnements de l'autre que s'élèvent mes questions -- qu'est-ce qu'être parent -- comment se fait-il que des parents qui décident de faire procéder à une opération sur votre corps d'enfant n'aient plus, vingt ans après, aucun souvenir ni aucune trace de la nature exacte de cette opération, au point de vous faire douter des vôtres, de souvenirs, au moment où votre corps les réveille ? Et qu'est-ce que cela vous découvre soudain du sentiment que vous ont toujours inspiré vos parents, qui eux-mêmes vous ont inspiré votre sentiment de la vie -- l'incertitude ?
Alors cet après-midi, parce que pour jeter et élaborer des mots qui cherchent sens, on aime autant que la page soit nette et le crayon taillé -- c'est une question d'ergonomie dans le rapport même de médiation de soi à soi -- j'ai vagué sur l'abc dotclear, sans savoir si je trouverai suffisamment de temps et d'envie (aussi parce que -- slogan -- Dotclear c'est plus qu'une machinerie, ce sont des gens -- dont certains, vie "virtuelle" aidant, font tant soit peu partie de ma vie -- tout court).
Tout cela pour dire que j'avais au moins décidé qu'il était temps que ce blog ne stagnât plus sur une image de la déchéance de ce pays, et que j'allais y remédier en partageant avec quiconque lira ces lignes une image :
celle d'une parole que je crois juste qu'une main proche quoiqu'inconnue a tracée cette nuit en bas de chez moi ; et une phrase d'Hubert Nyssen, "homme vieux qui s'est allié le jour" (selon une formule de Jaccottet), en bâtissant une œuvre qui ne m'est pas indifférente :
"J'ai eu l'impression de transporter ma journée en brouette sur un chemin défoncé."
A mes yeux un bonheur d'expression.
Yeah!
RépondreSupprimerPour le tag, je pense que la responsable est une Toulousaine.